Nwel, vini pou sové nou, Nwel vini pou vlopé nous
Pratique Antillo-Guyanaise, la Martinique comme la Guadeloupe ont gardé, à l’instar des campagnes françaises, une tradition dont l’origine remonte au Moyen Age, qui regroupe voisins, amis, parents, enfants et qui s'est perpétuée au cours des siècles :
Celle de "Chanté Nwel"
Chants d’ amour et d’ espoir, célébrant la venue du Christ, ces cantiques sont entonnés à partir du premier dimanche de l’Avent. On doit rappeler que dans le calendrier catholique, les trois semaines de l’Avent sont consacrées à la préparation des cérémonies préparant la naissance du Christ.
Aussi, autrefois, dans les cases les plus humbles, comme dans les plus belles maisons on se réunissait dès le coucher du soleil autour d'une table éclairée par une lampe à pétrole, un « lampion », une bougie ou sous la lumière crue d'une lampe électrique pour chanter en chœur ces cantiques..
Aujourd'hui de nombreux groupes se sont créés pour chanter Nwel et la foule est nombreuse à venir les écouter mais aussi reprendre en choeur ces chants mélodieux.
Ceux-ci étaient consignés et ils le sont encore, dans un petit recueil écorné, jauni par le temps que chacun se devait de posséder et de conserver précieusement. Il se transmettait parfois de génération en génération et ressortait des tiroirs dès les premiers jours de décembre.
Mélange de profane et de sacré, ces cantiques, anciennes chansons populaires médiévales françaises de Noël dont on retrouve les traces dans des recueils du XVIIIème siècle, seraient plus précisément originaires des régions de Lyon et d’Avignon.
Les textes sont en langue française avec parfois quelques passages en latin. Cependant, chaque cantique a son refrain en créole et ils ont pris des rythmes de biguine, de mazurka ou de valses créoles accompagnés des Ti-Bois, tambours et claquements des mains. De plus la société antillaise les a modelés à sa façon par des improvisations aux mots souvent très audacieux (à faire pâlir la Sainte Vierge…) qui s’ interposent entre les refrains.
On retrouve toujours les mêmes cantiques dont les principaux et les plus connus sont « Joseph mon cher fidèle », « Dans le calme de la nuit », « Allez mon voisin », « Il est né le divin enfant », « Allons-y donc » et bien d’autres encore comme :
- Michaud veillait
- Pour un maudit péché
- La bonne nouvelle
- Naissez, l’amour vous y convie
- Quand Dieu naquit à Noël
- Miracle d’amour
- Les anges dans nos campagnes
- Venez Divin Messie
De la tradition ancestrale comme le Chanté Nwel au traditions culinaires il n'y a qu'un pas. Autrefois, lors des ces « chanté Nwel», on servait en dehors du traditionnel punch, du sirop d’orgeat aux dames, ainsi que du chocolat à l’ eau épaissi au toloman pour se réchauffer du « froid piquant » des nuits de décembre…
Noël démarre donc bien avant le 25 décembre et dès la fin du mois de novembre, on prépare le schrubb avec des écorces d’ oranges que l'on fait macérer dans du rhum au soleil. Celui-ci ainsi que les diverses liqueurs de cacao, de coco, n’ étaient servis qu’ à partir du jour de Noël.
La table sera bien évidemment à l’ honneur en ce jour de Fête Noël, les cuisinières prépareront donc les recettes traditionnelles avec le cochon, le boudin créole, la viande pour les petits pâtés et le ragoût bien épicé, sans oublier le traditionnel jambon caramélisé aussi appelé « jambon de Noël », un vrai régal.
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