Les premiers occupants connus semblent être les Arawaks venus du Venezuela vers 300 ou 400 ans avant notre ère.
En 295 (avant notre ère), une éruption de la montagne Pelée fit fuir les Arawaks qui quittèrent alors la Martinique et ne revinrent sur l'île que vers l'an 400. D'ailleurs, une soixantaine de sites arawaks ont aujourd'hui été inventoriés et ils témoignent de l'existence de villages habités arawaks.
Cependant, vers 1200 de notre ère, une nouvelle civilisation amérindienne apparut dans l'île : les Caraïbes ou Kalina. Il s'agit d'un peuple amérindien réputé belliqueux venu des Guyanes et qui envahit la Martinique et extermina peu à peu tous les Arawaks (sauf les femmes). Les Caraïbes furent décimés à leur tour peu après l'arrivée des Européens.
Lorsque Christophe Colomb débarqua en Martinique, le 15 juin 1502 (lors de son quatrième voyage), il fit la connaissance des Caraïbes puisque les Arawaks avaient déjà disparu depuis le XIIIe siècle. Les Amérindiens auraient appelé l'île Madinina, ce qui signifie «l'île aux fleurs». Colomb aurait baptisé l'île du nom de Martinique en l'honneur de son patron, saint Martin. Redoutant les terribles Caraïbes pour leur anthropophagie, Colomb quitta l'île et, par la suite, les Espagnols ne s'intéressèrent plus à la Martinique. Ainsi, ils laissèrent la place aux Français et aux Anglais.
Le cardinal de Richelieu, au nom du roi Louis XIII, créa la Compagnie des Isles d'Amérique (1635-1650) afin de coloniser les îles des Petites Antilles.
La véritable conquête de la Martinique commença avec l'arrivée d'un aventurier français, Pierre Belain d'Esnambuc, le 15 septembre 1635.
En 1550, la canne à sucre était déjà devenue la seule culture des îles aux Antilles. Les premiers contacts entre les Amérindiens caraïbes et les Français avaient été plutôt cordiaux, mais à force d'être progressivement spoliés de leurs terres les Caraïbes opposèrent une vive résistance aux Français. Puis, après plusieurs années de conflits, tant avec les Anglais qu'avec les Caraïbes, les Français sous la gouverne de Beausoleil finirent par chasser définitivement (en 1658) les Caraïbes de la Martinique; ces derniers se réfugièrent dans les îles de la Dominique et de Saint-Vincent.
Pendant deux siècles, la Martinique, comme d'ailleurs toutes les autres Antilles, vécut sous le règne de l'esclavage. On sait que ce sont les Espagnols qui avaient commencé à importer des Africains dans leurs colonies afin de remplacer les populations amérindiennes qui ne survivaient pas aux dures conditions d'esclavage en raison des maladies et du travail harassant. C'est que les populations noires d'Afrique étaient réputées mieux supporter le travail forcé dans le climat éprouvant des Caraïbes et de l'Amérique équatoriale. La France, à l'exemple des autres puissances européennes, n'a pas fait exception et s'est mise aussi à l'esclavage. En Martinique, les Français importèrent leurs premiers esclaves dès 1635 afin de fournir la main-d'oeuvre nécessaire à la culture de la canne à sucre.
Toutefois, de 1656 à 1814, Anglais et Français se sont régulièrement disputé la Martinique; ainsi, pendant près de deux siècles, l'île fut tantôt anglaise tantôt française, jusqu'au traité de Paris de 1814 qui céda définitivement la Martinique à la France.
De fait, plus de 700 000 esclaves furent déportés aux Antilles françaises entre 1673 et 1789, dont 600 000 juste à Saint-Domingue; les autres furent envoyés en Martinique, en Guadeloupe, à Saint-Christophe (devenu aujourd'hui Saint-Kitts-et-Nevis), etc.
De fait, plus de 700 000 esclaves furent déportés aux Antilles françaises entre 1673 et 1789, dont 600 000 juste à Saint-Domingue; les autres furent envoyés en Martinique, en Guadeloupe, à Saint-Christophe (devenu aujourd'hui Saint-Kitts-et-Nevis), etc.
En 1710, le nombre des esclaves s'élevait à 21 000 pour l'île de la Martinique.
Quelques décennies plus tard, en 1745, la Martinique comptait environ 80 000 habitants dont 65 000 esclaves.
Au moment de la suppression de l'esclavage en juin 1848 en Martinique, on dénombrait un peu plus de 72 000 esclaves. On aura intérêt à lire le fameux Code noir, une ordonnance de Louis XIV destinée à réglementer le régime de l'esclavage et précisant les devoirs des maîtres et des esclaves. Ce Code noir, qui resta en vigueur dans toutes les Antilles et en Guyane française jusqu'en 1848 (date de l'abolition définitive de l'esclavage par la France), fut rarement respecté. Bien que ce code ne traitât pas des questions de langue, il dépouillait l'esclave de toute son identité. En effet, après le baptême catholique obligatoire, l'Africain devenait un Nègre et changeait de nom, abandonnant ses habitudes vestimentaires et sa langue, puis était marqué au fer rouge et affecté au travail servile.
C'est Victor Schoelcher (1804-1893), alors sous-secrétaire d'État à la Marine chargé des colonies, qui prépara le décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848, lequel a été confirmé par la Constitution du 4 novembre 1848. En Martinique, le 23 mai 1848, à la demande du conseil municipal de Saint-Pierre (la capitale de l'époque), le gouverneur de l'île, le général Rostoland, proclama un décret solennel dont les deux premiers articles énonçaient ce qui suit:
1) L'esclavage est aboli à partir de ce jour à la Martinique.
2) Le maintien de l'ordre public est confié au bon esprit des anciens et des nouveaux citoyens français.
Devenu député de la Martinique et de la Guadeloupe, Schoelcher revendiqua aussi l'application du droit commun et même la départementalisation pour les quatre colonies (Martinique, Guadeloupe, Guyane et la Réunion), mais il échoua sur cette question; cent ans plus tard, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane française et la Réunion deviendront des départements français.
Bien sûr, au terme de cette douloureuse période, la colonie martiniquaise s'était peuplée massivement de nouveaux arrivants noirs et la langue véhiculaire entre les Noirs était devenue le créole martiniquais.
Enfin, c'est vers 1840 seulement que les Noirs furent christianisés par l'Église catholique. Auparavant, les Noirs étaient certes baptisés, mais ensuite laissés à eux-mêmes; d'ailleurs, beaucoup de prêtres possédaient eux-mêmes des esclaves.
Cela dit, l'esclavage continua sous une autre forme lorsque fut imposée le Code de l'indigénat qui correspondrait aujourd'hui à une autre forme déguisée d'esclavage des populations autochtones en les dépouillant de toute leur identité. Grâce aux pratiques discriminatoires imposées par le Code de l'indigénat (en vigueur de 1887 à 1946), les Blancs continuèrent de jouir de privilèges considérables.
Mais la suppression de l'esclavage ne pouvait que nuire à l'économie de plantation de la Martinique qui pouvait supporter difficilement des coûts de main-d'oeuvre importants. C'est pourquoi, de 1853 à 1985, la France décida d'importer plusieurs milliers de travailleurs immigrants (dénommés «coolies») originaires des comptoirs français de l'Inde. Considérés comme dociles, ces «coolies» venaient travailler aux Antilles pour une durée, en principe, de cinq ans. Beaucoup d'entre eux restèrent sur place à la fin de leur contrat, fondèrent une famille et devinrent bientôt des Martiniquais à part entière, tout en conservant leur religion et leurs habitudes culinaires.
Vers la fin du siècle, un millier de Chinois débarquèrent également dans l'île et, un peu plus tard, d'autres immigrants arrivèrent, cette fois-là, de la Syrie et du Liban. C'est ce qui explique que la population martiniquaise est aujourd'hui formée d'une palette ethnique assez variée, puisqu'on y compte non seulement des Noirs africains (la majorité) et des mulâtres, mais aussi des Indiens, des Chinois et des Syro-Libanais, sans oublier les Blancs-Pays (les «Békés»).
Tous les nouveaux immigrants d'Asie ou du Proche-Orient ont maintenant perdu leur langue d'origine et ont adopté le créole martiniquais comme langue maternelle. Les Blancs «békés» parlent le français mais aussi le créole alors que les Blancs-France (les «Métros») ne parlent que le français. Bien que vivant en relative harmonie, les différents groupes ethniques de la Martinique n'en continuent pas moins de se distinguer et de se méfier les uns des autres selon de subtiles distinctions.
Sous les derniers rois de France (Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe), la Martinique n'évolua que faiblement sur le plan des droits humains, bien que à partir de 1830 les Noirs et les mulâtres aient obtenu en principe les mêmes droits que les Blancs. Précisons aussi, que, contrairement à la Guadeloupe, la Martinique resta plus longtemps royaliste et demeura plus fidèle à l'Ancien Régime.
Quoi qu'il en soit, la IIIe République de 1870 marqua un réel progrès, car non seulement le suffrage universel masculin fut institué, mais l'enseignement public obligatoire, laïc et gratuit, fut étendu à tous les Martiniquais (1881). Toutefois, la situation des classes ouvrières resta précaire, car la scolarisation des enfants entraînait des dépenses supplémentaires auxquelles les parents ne pouvaient pas toujours faire face. En réalité, le niveau de vie des Martiniquais "de couleur" ne connut une amélioration significative que vers le milieu du XXe siècle.
En 1898, on comptait 175 000 habitants en Martinique, dont 150 000 Noirs et mulâtres (85 %), 15 000 Indiens (8,5 %) et 10 000 Blancs (5,7 %).
En 1902, suite à l'éruption de la montagne Pelée (le 8 mai 1902), qui avait détruit la ville de Saint-Pierre et causé la mort de 28 000 habitants en quelques minutes, une importante vague d'émigration s'ensuivit et la Guyane française devint alors la principale destination des réfugiés martiniquais. C'est pour cette raison que l'on trouve une si forte colonie martiniquaise en Guyane, particulièrement aux environs de Saint-Laurent-du-Maroni et à Rémire-Montjoly près de Cayenne.
C'est Fort-de-France qui est devenue la capitale de la Martinique après la destruction de la ville de Saint-Pierre.
Le 19 mars 1946, près de 100 ans après la recommandation du député Victor Schoelcher, l'Assemblée nationale française adopta la loi dite de l'assimilation, qui transformait les "Quatre Vieilles" colonies (la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane française) en départements français. Ainsi, l'île de la Martinique devint un département français d'outre-mer (DOM).
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