Édouard Glissant, « poète philosophe », raconte, sur France 5, le parcours jalonné de ses engagements en commençant par ses débuts dans cette île de Martinique où il est né. France 5, Samedi 19 novembre à 20 h 35.
Empreintes. Édouard Glissant, la créolisation du monde. Si, pour Édouard Glissant, l’océan Atlantique est l’océan de la traite, la mer Caraïbe est pour lui celle de la créolisation. Un concept que le «poète philosophe» comme il aime à le dire, continue de défendre. Depuis quarante ans, ce philosophe, romancier, essayiste, poète… répète toujours la même chose : c’est la créolisation, «ce mouvement perpétuel d’interpénétrabilité culturelle et linguistique», qui accompagne la mondialisation culturelle.
Avec son père, Édouard Glissant a commencé sa vie en découvrant la Martinique de la canne à sucre avant de former, très vite, «son commerce triangulaire» entre la Martinique, Paris et New York. Réalisé par Yves Billy et Mathieu Glissant, ce documentaire est une déambulation de lieu en lieu, dans ces trois directions. Son voyage commence devant le Mémorial de l’Anse Cafard dédié aux disparus de la traite des Noirs, au Diamant en Martinique, initiateur du concept de créolisation, qu’il définit comme «le métissage qui produit de l’imprévisible», il raconte son cheminement à son fils, qu’il guide dans ces lieux et dans le temps. Son enfance à Morne Bezaudin. Son adolescence dans la ville du Lamentin. Mais aussi la géographie du pays de son enfance qui marque son œuvre, tant au niveau de l’inspiration poétique que dans la révolte politique.
L’isolement de l’île et l’imagination de son peuple, dans son rapport au monde, lui fera naître l’idée du «Tout-monde». C’est-à-dire «le monde tel que nous désirons qu’il soit et tel qu’il n’est pas encore». C’est ce «Tout-monde», qui a un langage, qu’Édouard Glissant piste tout au long de son œuvre et qui est indissociable de ses engagements et de ses combats. Issu de son lexique personnel ce concept s’opposera, dans son œuvre, à une pensée unique.
On retrouve plus tard Édouard Glissant à Paris. C’est comme un retour sur les lieux de ses premiers combats : sa participation aux congrès des écrivains et artistes noirs en 1956 et les événements de décembre 1959, en Martinique, qui lui valurent d’être assigné à résidence en France de 1959 à 1965. En ce mois de décembre, des émeutes avaient coûté la vie à trois Martiniquais. Et Édouard Glissant fut arrêté pour dissidence. À Paris, le musée des Arts premiers le conforte dans sa conviction de l’indispensable mélange des imaginaires et des cultures. Son voyage, repris dans ce documentaire, l’emmène par la suite dans cette ville de la mixité qu’est New York. Lieu où il enseigne la littérature française et francophone et où il vit, en ne cessant de réaffirmer la nécessité de la créolisation du monde. Jalonné d’images d’archives, ce documentaire montre la vision d’Édouard Glissant d’un monde «tel qu’il est et tel qu’il n’est pas encore».
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