À la veille de fêtes de fin d'année, les commerçants de la plus prestigieuse rue au bord du désespoir....
« Cette rue, c'était un peu les Champs-Elysées de Fort-de-France » . C'est l'opinion que vous entendrez communément, en questionnant Monsieur tout-le-monde sur la réputation de cette artère de la capitale. Il n'y a pas si longtemps son standing était tel que certains n'osaient même pas la fréquenter. Depuis, de l'eau a bien coulé sous le pont de l'abattoir, et force est de constater la baisse de fréquentation, si ce n'est la mort lente de cette rue jadis si prestigieuse. Sur la centaine de boutiques qu'elle comportait il y encore quelques années, il semble que plus de la moitié a baissé ses rideaux, ou encore a changé d'enseigne avec des produits de moindre gamme. Le cri d'alarme, et parfois de désespoir, est particulièrement lancé par les commerçants qui tentent encore d'exercer dans la portion partant de la rue Victor-Schoelcher en direction de la Savane.
Annie-Claude Dubois est une de celles qui expriment tout le désarroi que provoquent les changements successifs ou encore la fermeture pure et simple, de plus d'une dizaine de commerces autrefois très achalandés par les touristes comme des bijouteries, des boutiques de prêt-à-porter de marques ou encore la parfumerie aux deux prénoms, dont la renommée dépassait notre île. Gestionnaire d'un immeuble au numéro 25 de la rue, elle a suivi depuis 15 ans la dégradation progressive de l'activité dans cette partie de la ville basse, car « perpétuellement cela change, les commerces ferment et les gens s'en vont puisqu'ils ne peuvent pas de tenir un bail et des pas-de-porte très élevés » , avoue-t-elle. De 800 à 1 000 euros la location d'une petite boutique de moins de 20 m2, sans compter les charges, c'est en effet « mission impossible, avec moins de 10 clients par jour » , confie une nouvelle venue dans la rue.
Autre signe visible de cette sinistrose, la fermeture de la galerie marchande reliant la rue au bord de mer, tout comme la cessation d'activité de l'espace restaurant à l'étage, véritable attraction en matière de restauration pour les touristes de passage. À ce propos, la baisse de la fréquentation touristique en général, et le départ des grands bateaux de croisière sont sans doute à l'origine des maux dont souffre cette ancienne vitrine de Foyal, même si les commerçants veulent rejeter la plus grande part de la faute sur « les interminables travaux » pour le réaménagement de la Savane. La présence de plusieurs magasins de souvenirs aux couleurs madras est bien là pour prouver que ce secteur de Fort-de-France était intimement lié au tourisme, qui en a fait les beaux jours jusqu'au début des années 2000. Depuis 10 ans, le chiffre des croisiéristes a très fortement chuté, et c'est la quasi-totalité des commerces de la ville qui peut s'en plaindre. Autres points noirs selon les observateurs, la difficulté du stationnement si ce n'est la cherté des places de parking.
C'est d'ailleurs ce dernier point qui explique selon une commerçante, la délocalisation à la périphérie de Fort-de-France de beaucoup de services et bien entendu des hypermarchés. Pour parfaire le tableau, Jacqueline, vendeuse depuis 15 ans d'objets souvenirs, dira : « de toute façon les gens trouvent que tout est trop cher, et pour les touristes, c'est pire : l'autre jour à l'occasion du passage du gros bateau de croisière nous n'avons encaissé que 10 euros! » .
En somme, confieront la plupart des personnes rencontrées, « c'est la crise dans tous les domaines » , et tout dérangement lié à des travaux même de rénovation et d'embellissement est un désagrément supplémentaire qui vient rajouter à la morosité ambiante.
La Malmaison, la bien nommée
Situé à l'entrée de la rue Victor-Hugo et face à la savane, cet hôtel d'une vingtaine de chambres a été durant des décennies un lieu de référence, tant pour les touristes, que pour beaucoup de Foyalais qui y avaient leurs habitudes.
À l'image de beaucoup d'établissements hôteliers de la capitale, il n'a pas pu prendre le virage de la rénovation ou de la restructuration, en raison sans doute de la crise du secteur du tourisme. Acheté par la collectivité départementale, l'hôtel attend aujourd'hui des jours meilleurs, puisqu'il sera l'extension toute trouvée du musée d'Archéologie mitoyen. Les appels d'offres seraient lancés, et les travaux pourraient débuter d'ici deux ans...
Dans l'intervalle il faudra tenir avec cette façade quelque peu défigurée, interdit aux squatters avec ses entrées emmurées. Une maison bien mal en point!
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