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vendredi 5 novembre 2010

Des exploitations qui ne se laissent pas abattre

L'état des parcelles dans l'île l'atteste. Certaines ont été fortement frappées par le cyclone Tomas qui a aplati les cultures et le moral des exploitants. D'autres parcelles ont à peine été effleurées... Arrivé sans prévenir, Tomas est une nouvelle claque pour la profession agricole, qui venait à peine de se remettre du passage de Dean et de la sécheresse de début l'année. Aujourd'hui, les agriculteurs touchés demandent des réponses adaptées et rapides.
Visite dans le nord de l'île en compagnie des coopératives, de la Chambre d'agriculture et de la direction de l'agriculture, venus rassurer leurs troupes.
 
« Ces régimes faisaient déjà presque 35 kg! » Jean-Claude Marraud des Grottes, petit dossier bleu sous le bras, a déjà fait ses photos et ses calculs, et ces derniers ne sont pas bons. L'Habitation Périnelle qu'il gère sur 62 hectares va mettre du temps à se remettre du passage de Tomas. « Pour nous, c'est plus grave que Dean » , expose-t-il au directeur de l'Agriculture. Sur les deux mois à venir, il devait récolter 650 tonnes de bananes pour aboutir à des chiffres excellents sur 2010. Espoir brisé. En 2011, ce sont aussi 1 400 tonnes qui ne seront jamais récoltées. « Je n'ai aucune recette jusqu'au 15 août » , poursuit-il.
Le directeur de l'agriculture, Jérôme Frouté, acquiesce : « C'est une triple punition pour les planteurs : la récolte actuelle est perdue, la prochaine plantation devra pousser en plein carême et être vendue à la plus mauvaise période sur le marché, juin-juillet » .
 
Cinquante hectares entre Saint-Pierre et le Morne-Rouge, 25 salariés et des milliers de bananiers qui ont plié sous les assauts du cyclone Tomas. Sur les terres de Nicolas Marraud des Grottes, le calcul est rapide : 100% de la plantation est perdue.
A l'habitation Desfontaine, par exemple, à Saint-Pierre (notre photo ci-dessus), le nettoyage a commencé, malgré un diagnostic sans appel du chef d'exploitation Louis Lepasteur : « une mort subite » . Louis Lepasteur a aussi perdu des haricots, des tomates, des aubergines, des mangues, des citrons. Tout a été balayé.
Malgré tout, « les gens n'attendent pas les aides de l'Etat pour prendre les tracteurs et les tronçonneuses » , fait valoir Charles Cyril, le président de la Socopma (coopérative des maraîchers). Cette attitude positive, on la retrouvera aussi plus loin, au Morne Rouge, à Savane Petit, une exploitation gérée par José Souaya. Sur 30 hectares, ses bananiers sont déjà cyclonés, et les ouvriers continuent de peindre le hangar. Bref, l'exploitation continue de vivre. Il ne lui restait pourtant que 150 tonnes de bananes à récolter cette année pour atteindre ses objectifs...
 
Des avocats roulent le long du chemin, ça et là. Des arbres sont couchés de part et d'autres et agonisent.
Au loin, une parcelle semble n'avoir jamais été cultivée. En fait, la famille Elisabeth-Marie-Françoise avait déjà perdu 600 avocatiers lors du passage de Dean à cet endroit. Trois ans après, la récolte s'annonçait excellente... mais ira nourrir les animaux.
 
Jean-Claude, le père, presque à la retraite, est en train de passer la main à ses deux fils, Harris et David. « Dimanche matin, j'ai dû scier des arbres car le chemin était inaccessible » , raconte Harris, 31 ans. « Mais ensuite, quand j'ai vu les dégâts, j'ai pleuré... comme un enfant » .
 
Jean-Claude observe ses pieds de tomates calcinés. À cause des maladies qui assaillent les tomates, il ne va pas en replanter tout de suite.
Outre les avocats et du maraîchage , la famille possède plus de trois cents brebis, dont certaines sont mortes avec le passage du cyclone. Tous les trois gardent la tête haute. Jean-Claude s'accroche aux 60 hectares de terre : « Je ne vois pas de porte de sortie, mais je ne vendrai jamais les terres, sauf si vraiment je n'ai rien à manger! » , assène-t-il. « Mais je connais des agriculteurs qui m'ont dit qu'ils avaient peur de tout recommencer » .
 
« On n'a pas été avertis à temps, on n'aurait pu débâcher! » . Frantz Louis-Thérèse cache difficilement son amertume, face à ses 3 800 mètres de serre bien abîmés et les 14 000 plants de salades bons pour les lapins. Sur la magnifique plantation Beauvallon, au Morne- Rouge, les feuilles des salades ont déjà commencé à noircir. « Mes serres pouvaient tenir jusqu'à 110 km/h de vent, pas au-delà. »
 
« Il faut prendre en considération que c'est le deuxième coup de vent que mes bananes subissent! Le premier a eu lieu en janvier! » Le mari de Christiane Drané, exploitante, s'énerve contre ce vent capricieux qui s'acharne. Il faut dire que Tomas s'est montré particulièrement sélectif sur ces 6 hectares de terre, situés à Pain de sucre, au Marigot. Les bananiers les mieux portants narguent ceux dont même le rejet fait grise mine. « Il faut nettoyer tout de suite et replanter » , commente un technicien en désignant une des parcelles.

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